Le scénographe conçoit des espaces éphémères qui sont en relation étroite avec « l’homme ». Il doit gérer tous les éléments plastiques: volumes, matières, éclairages, costumes, maquillages, etc., qui vont interagir de manière sensible avec le comédien et/ou le spectateur que ce soit dans le cadre d’un spectacle, d'une performance, d’une installation ou d'une exposition.
Jean-Claude De Bemels (sceno.eu)
Nous pourrions faire nôtres ces mots de Jean-Claude De Bemels, un de nos grands scénographes belges, qui insufla aux premières parades Zinneke à Bruxelles une immense ambition artistique et permit la mise en oeuvre et l'expérimentation très pragmatique d'engins, de scénographies mobiles, de costumes et de marionnettes surdimentionnées. Scénographies de parades, de grands spectacles de plein air, costumes , masques et maquillages sont autant de compétences acquises par la compagnie au fil des années. Très vite, ce travail fut partagé entre plusieurs artistes, une manière de créer des images concertées en mélangeant plusieurs esthétiques.
{slider Scénographies en mouvement|closed}
Pour la Planète, Matteo Segers et Yves Coumans veulent représenter la terre vue du ciel, une planète bleue. Les danseurs, les musiciens et comédiens sont vêtus de costumes peints avec des motifs de continents. Leurs maquillages sont dans le même esprit. L'ensemble forme un tout homogène, une sorte de petite "armée" en manifestation. Bruno Renson crée la structure, une sphère de 4 m de haut sur laquelle 5 danseurs émergent. Au sol , les comédiens jouent avec une petite planète. De cette manière musique, danse et jeu muet avec objet se combinent.
L'ensemble est en mouvement perpétuel, une image monochrome qui capte le soleil et les regards...
Quelques années plus tard Yves Coumans et Nadia Vermeulen imaginent et conçoivent avec Bruno Renson, une scénographie très apparentée pour "La ballade de Ron et Dus". Une troupe d'acteurs et musiciens suivie d'un immense cheval en mouvement arrive par une rue dérobée sur une place publique. L'ensemble de la troupe établit une aire de jeu à 180° et convie les spectateurs à se rapprocher, tout en maintenant au centre de l'aire de jeu, un espace suffisant pour les actions de la marionnette géante. Ron et Dus ne font pas partie du cortège, leurs costumes sont différents. Les hommes du cortèges, par contre ont des costumes reliés au cheval par l'utilisation de formes géométriques et de couleurs identiques, ici marquées sur les chapeaux. Une nouvelle fois l'ensemble est cohérent et dégage une image forte dans la rue. La couleur blanche, dominante, est inhabituelle et crée la surprise visuelle. Arriver, repartir et disparaître sans laisser d'autres traces qu'un éphémère moment de spectacle tel était notre souhait, habiter la rue, la place, juste le temps de raconter, de poser des questions avec une étrange métaphore.
La marionnette géante est parfois aussi une scénographie en soi. Tel cet orgre, qui avait mangé ses voyages, réalisé par Bruno Renson, Thomas Marchal, Yves Coumans, Nadia Vermeulen, Caroline Lemaire pour la Cavalcade de Jemappes. Très vivant vu de l'extérieur, l'ogre remue la bouche, jette un regard à gauche, à droite. Il étire les bras, caresse ici ou là un balcon, un poteau. Géant assis, il a autour de la tête une corolle de manipulateurs. Pendant qu'il chemine au rythme de la parade, des spectateurs peuvent y entrer et le visiter de l'intérieur. Des images de voyage y sont tapissées et d'étranges personnages l'habitent, monstres de foire, tête sans corps, femme à barbe, jumelles siamoises qui voudraient se séparer. une scénographie, un objet géant à double fonction, une marionnette bien vivante...
Voici quelques chars de la Cavalcade de Jemappes, construits en 2006 par Bruno Renson avec le concours l'Ecole de Promotion sociale de Jemappes, ils roulent toujours 10 ans après leur première sortie. Ces chars sont inspirés par la forme d'une péniche et la roue du chassis à molette typique des charbonnage. Deux images liées à l'histoire du Borinage. Sur l'extérieur du chassis, différents points de fixation permettent de transformer l'engin à souhait en fonction des thèmes choisis annuellement. Véritables scénographies en mouvement, ces espaces ambulant peuvent être habités par une quinzaine d'acteurs au maximum et sont poussés à la main. Le conducteur gère les virages, les démarrages et les arrêts, le freinage aussi et veille à la sécurité du public.
{slider Des scénographies et des lieux}
Toute une part de notre travail de scénographe consiste aussi à investir des musées, des rues, des sites historiques, des bois et d'y apporter des transformations provisoires liées à la dramaturgie du spectacle qui s'y déroule. En quelque sorte, il s'agit le plus souvent de sublimer l'esprit du lieu ou d'en faire ressortir des couleurs et des atmosphères rares...
Fantômes au bord du canal, Le Metre Volé, Stambruges
Fantômes de moines sous les platanes, éclairage au feux de Bengale, Abbaye de St Denis, Spiritus
Spectacle mèlant musique dans l'eau et danse en sphère transparente, St Ghislain au fil de l'eau. Eclairages d'Axel Foucart.
Trésor de guerre, Musée de l'iguanodon à Bernissart, atmosphère de mystère
Intérieur de bureau au sein du musée de l'iguanodon, Trésor de guerre, Bernissart. Décors de Pierre Mainil.
{slider Scénographie et images projettées}
Les Passeurs de Rêves intègrent régulièrement des projections vidéos dans leurs spectacles, sur des écrans aux formes étudiées, sur des murs, des bâtiments, dans des livres géants. Une façon de prendre plus d'espace en libérant l'espace pour les acteurs ou les danseurs sans l'encombrer de décors inutiles.
La ronde des Innocents, Chièvres 2015, rétroprojection dans des fenêtres de style roman
La Ronde des Innocents, Chièvres, 2015
La Tour de coeur, Ath, le visage d'Emilie Maquest personnalise la Tour Burbant, tendis que des danseurs aériens vont venir lui chatouiller les yeux.
40 ème anniversaire du Centre Culturel de Jodoigne, Mapping : Damien Pairon.
Promenade aux flambeaux de Maubray, la lumière et les ombres de petites embarcations tirées par le public projettent couleurs et personnages sur le vieux canal.
{slider Scènes en place publique}
Nuit des intrigues 2010 à Tournai, le palais du roi est représenté par 3 éléments, une horloge immense sur élévateur, un trône et un bouffon surdimensionnés et enfin de grands socles de statues d'anciens rois.
Pour l'opéra-fanfares Les deux bossus (Antoniades 2013 à Flobecq) une scène pour les musiciens des fanfares et une scène pour les acteurs et marionnettes géantes. De petites maisons à colombages qui se déplacent pour évoquer différente vue du village et une église qui se retourne pour devenir la chambre du diable.
Pour Apolline et Cornélis (Antoniades 2016), une scène de 120 mètres carrés pour une quarantaine d'acteurs, des masques larvaires signés Lucia Picaro.
{slider Palc}
Le palc est un chapiteau sans toit. Un espace délimité comme un mystère par des toiles encadrant un espace carré, rectangulaire ou arrondi.
Tout le ciel est nécessaire, aperçu extérieur du palc. Le public entrait par le rideau rouge dans la "barraque foraine" d'Aby, bateleur, éleveur de chrysalides.
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